lundi 30 septembre 2013

Cyber réserve : les Anglais tirent les premiers

L'actuel ministre de la Défense du Royaume-Uni, Philippe Hammond, vient d'annoncer la création d'une unité de réserve cybernétique interarmes (Joint Cyber Reserve Unit). Cette unité aura pour mission la protection des réseaux et des donnés vitales du pays.

En comparaison des autres nations de premier rang cybernétique (1), le Royaume-Uni prend une certaine avance en ce qui concerne la création d'une véritable réserve cybernétique (2). C'est aussi le reflet de la transformation du modèle de l'armée britannique, ces dernières années, dont la baisse des crédits s'est faite massive et brutale.

Philipp Hammond a expliqué que cette réserve serait d'abord proposée au personnel d'active quittant les services de Sa Gracieuse Majesté. Le dispositif d'incitation n'a pas été dévoilé mais les crédits de ce projet semblant importants (3), l'incitation financière viendra sans doute renforcer le sentiment patriotique, toujours élévé parmi les citoyens britanniques. Une hypothèse crédible puisque l'autre réservoir de candidats se fera parmi les professionnels en cybersécurité déjà en poste et au profil expérimenté.

Concernant la baisse drastique des crédits militaires ces trois dernières années, toutes les armées auront été touchées, sans véritable discernement. Il est probable que les spécialistes informatiques, spécialement ceux orientés cyberdéfense/cybersécurité, aient ainsi profité d'un effet d'aubaine lié à la conjoncture actuelle. Le secteur privé ayant créé des centaines de postes en relation avec la cybersécurité. Dans le même temps les attaques n'ont fait que croître, rendant difficilement tenable la protection et la défense des systèmes d'information militaires et d'infrastructures vitales. Le CPNI, même disposant de moyens respectables et doté d'un personnel nombreux, est sans doute submergé par le nombre d'interventions à réaliser et la nécessité d'augmenter la maturité et la résilience de l'ensemble des systèmes d'information du pays.

Enfin, le ministre de la Défense a précisé que le pays avait vocation à dissuader en développant des capacités cybernétiques offensives. Cette annonce officielle est davantage à prendre comme une confirmation des capacités cyber offensives dont dispose probablement déjà le Royaume-Uni. Confirmation, s'il en était besoin, le domaine cybernétique est en train de concrétiser sa place de "nouveau domaine stratégique".


(1) USA, Israël, Russie, Chine, France, UK et Allemagne
(2) le modèle Français en matière de cyberdéfense est une bonne référence, autant par sa quasi-complétude que par certaines originalités. Un prochain article y reviendra.
(3) plusieurs centaines de millions de livres ? la somme avancée parait suspecte; plusieurs dizaines de millions de livres semblent plus crédibles

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir Si Vis,

Ma première remarque relève de la politique interne de l'actuel gouvernement anglais. Le prodigieux Cameron (oui, je sais, je suis partial et c'est moche) a-t-il évoqué quoi que ce soit en liaison avec la cyberdéfense et la "Big Society" ? Il y avait ce soir au JT de France 2 un sujet sur les traqueurs de pédopornographie sur la toile "anglaise" qui semblaient rémunérés pour leurs services par l'Etat anglais.

Petite remarque : Londres tient particulièrement à sa place financière qui est l'instrument principale de sa puissance économique et financière. Il se dit ici et là que Paris essaie de ravir cet instrument autant que possible.
Donc, au regard des techniques financières actuelles pour jouer sur les marchés, on peine à imaginer les conséquences contre cette place financière...

Bonne soirée !

Le marquis de Seignelay

Si vis pacem a dit…

Bonjour M. le Marquis !

Je n'ai pas connaissance d'un lien direct entre la cyberdéfense UK et la "Big society" même s'il n'est pas possible de ne pas y deviner des liaisons implicites !

Concernant ta "petite remarque", disons que de manière générale le secteur bancaire et financier est sans doute le secteur qui gère le mieux et le plus finement les risques quels qu'ils soient. Et s'en donne les moyens, techniques comme organisationnels.
Ce qui englobe donc les places de marché, a fortiori celles d'envergure mondiale.